Учебное пособие по французскому языку на материале текстов из романа Г.Шевалье Клошмерль
СОДЕРЖАНИЕ: МГИМО(У) МИД России Кафедра французского языка № 1 Н.В. ЛОСЕВА Учебное пособие по французскому языку на материале текстов из романа Г.Шевалье «Клошмерль»
МГИМО(У) МИД России
Кафедра французского языка № 1
Н.В. ЛОСЕВА
Учебное пособие по французскому языку на материале текстов из романа Г.Шевалье «Клошмерль»
Москва - 2002
Предисловие
Настоящее пособие представляет собой дополнительный материал к основному учебнику французского языка для II курса Ж.А. Казаковой и И.В. Поповой и предназначено для работы в 4-м семестре в группах основного языка и в 5-м семестре в группах второго языка на факультетах МО, МП, МЖ и политологии.
Цель пособия – совершенствование навыков чтения и понимания текста, развитие навыков устной и письменной речи, пополнение лексического запаса и закрепление грамматического материала, изученного в ходе 3-го и 4-го семестров.
Пособие включает в себя 5 текстов, взятых из романа Г. Шевалье «Клошмерль» и связанных между собой сюжетно и тематически. Каждый текст снабжен комментариями, словарем, а также лексическими упражнениями, грамматическими упражнениями, вопросником и творческими заданиями. Работа над пособием направлена на изучение таких лексических тем, как «Политическая борьба в обществе», «Политические партии», «Портрет политического деятеля».
Автор
Texte N1
Clochemerle-en- Beaujolais
A l’ouest de la route nationale N6, qui conduit de Lyon Paris, s’tend sur une longueur d’environ quarante cinq kilomtres, une rgion qui partage avec la Bourgogne, le Bordelais, l’Anjou[1] l’honneur de produire les plus fameux vins de France. C’est le Beaujolais[2] . Les noms de Brouilly, Morgon, Fleurie[3] ont rendu clbre le beaujolais. Mais ct de ces grands noms, il en existe d’autres, plus modestes. Au premier rang de ces noms que la renomme injuste n’a pas propags au loin, vient celui de Clochemerle-en-Beaujolais.
En passant, expliquons ce nom de Clochemerle. Au XII-ime sicle ce pays formait une rgion trs boise. Une abbaye occupait l’emplacement du bourg actuel, ce qui, par parenthse, nous donne l’assurance que l’endroit a t bien choisi. L’glise de l’abbaye tait entoure de trs grands arbres, et dans ces arbres nichaient des merles. Quand on sonnait la cloche, les merles s’envolaient. Les paysans disaient « la cloche merles ». Le nom est rest.
On entreprend ici une tche d’historien, concernant des vnements qui firent du bruit en 1923 et dont il fut parfois question dans la presse de l’poque[4] .
Un grand projet
Au mois d’octobre 1922, vers cinq heures du soir, sur la grande place de Clochemerle-en-Beaujolais deux hommes se promenaient cte cte, en changeant de temps en temps quelques paroles.
L’un de ces hommes, g de plus de cinquante ans, tait grand, rouge de teint, encore blond. On sentait l’autorit dans sa voix et ses gestes rares. Cet homme se nommait Barthlemy Pichut, maire de la commune de Clochemerle, dont il tait le plus gros propritaire viticulteur.
Son interlocuteur au contraire tait un personnage chtif, sans ge qui portait l’ancienne mode un lorgnon de fer dnickel.
Ce second personnage se nommait Ernest Tafardel, instituteur, secrtaire de la mairie et conseiller du maire pour quelques critures administratives qui exigeaient des formules compliques.
La vanit d’Ernest Tafardel tait de se croire un profond penseur, sorte de philosophe campagnard, asctique et incompris. Tout ce que disait l’instituteur avait un tour pdagogique et sentencieux.
Au moment o dbute cette histoire, Barthlemy Pichut prononait ces mots:
- Il faut que nous trouvions quelque chose, Tafardel, qui montre la supriorit d’une municipalit avance.
- J’en suis bien d’accord, monsieur Pichut. Mais je vous fais observer qu’il y a dj le monument aux morts.
- Il en existera bientt dans chaque commune. Il faut que nous trouvions quelque chose de plus original, qui soit mieux en rapport avec le programme du parti[5] . Ce n’est pas votre avis ?
- Bien sr, monsieur Pichut, bien sr ! On doit faire pntrer le progrs dans les campagnes. C’est notre grande tche nous, hommes de gauche.
Ils se turent quelques moments, puis le maire demanda :
- Avez-vous une ide, Tafardel ?
- Une ide, monsieur Pichut ? une ide...
- Oui, une ide. En avez-vous une, Tafardel ?
- C’est--dire, monsieur Pichut... Il y a une chose laquelle j’ai pens l’autre jour et dont je voulais vous parler. Le cimetire appartient bien la commune ? C’est en somme un monument public ?
- Certainement, Tafardel.
- Pourquoi, dans ce cas, est-ce l’unique monument public de Clochemerle qui ne porte la devise rpublicaine : Libert, Egalit, Fraternit ? Est-ce qu’il n’y a pas l une ngligence qui fait le jeu des ractionnaires et du cur ? N’est-ce pas reconnatre que les morts chappent la juridiction des parties de gauche ? La force des curs, monsieur Pichut, c’est de s’approprier les morts. Il serait important de montrer que nous avons aussi des droits sur eux.
Il y eut un grave silence, consacr l’examen de cette
proposition, puis le maire rpondit :
- Voulez-vous mon opinion, Tafardel. Les morts sont les morts. Laissons-les donc tranquilles. On ne peut pas empcher le cur d’entrer au cimetire, n’est-ce pas ? Et d’y aller plus souvent que les autres. Et puis les morts, Tafardel, c’est du pass. Nous devons regarder l’avenir. C’est une ide d’avenir que je vous demande.
- Alors, monsieur Pichut, j’en reviens ma proposition d’une bibliothque municipale.
- Ne perdons pas de temps avec cette affaire de bibliothque. Je vous l’ai dj dit : les Clochemerlins ne liront pas vos livres. Le journal leur suffit largement. Croyez-vous que je lise tant, moi ? Trouvons quelque chose qui fasse plus d’effet, qui s’accorde avec une poque de progrs comme la ntre. Vous ne voyez dcidment rien ?
- J’y rflchirai, monsieur le maire... Serait-il indiscret de vous demander si vous-mme...
- Oui, Tafardel, j’ai une ide... Voil longtemps que je la rumine.
- Ah ! bien, bien ! fit l’instituteur.
Mais il ne posa pas de question parce qu’il n’y a rien de tel pour faire perdre l’homme de Clochemerle toute envie de parler[6] . Tafardel ne manifesta mme aucune curiosit. Il se contenta d’approuver en toute confiance :
- Eh bien, puisque vous avez une ide ce n’est pas la peine de chercher davantage !
Alors Barthlemy Pichut s’arrta au milieu de la place en jetant un regard vers la grande rue pour s’assurer qu’il ne venait personne dans leur sens. Enfin il se dcida :
- Je vais vous la dire, Tafardel, mon ide. Je veux faire construire un difice aux frais de la commune.
- Avec l’argent de la commune ? rpta l’instituteur.
- Parfaitement, un difice. Et qui aura son utilit, aussi bien pour l’hygine que pour les moeurs... Faites voir si vous tes malin, Tafardel. Devinez un peu...
Ernest Tafardel exprima par un geste de ses deux bras qu’il n’en avait aucune ide.
- Je veux faire construire une vespasienne, Tafardel.
- Une vespasienne ? s’cria l’instituteur tout saisi, tant le projet lui parut important.
- Oui, qu’en dites-vous ?
Tafardel fit deux ou trois « hum » et dit :
- Pour une ide, monsieur le maire, c’est une ide[7] . Une ide vraiment rpublicaine. Mesure galitaire au plus haut point[8] , et hyginique, comme vous disiez si justement. Ce sera une belle victoire dmocratique, une nouvelle affirmation des immortels principes. En avez-vous parl au Comit ?
- Pas encore.
- Je compte un peu sur votre loquence, Tafardel, pour prsenter laffaire et lenlevez. Vous savez si bien fermer les bouches aux mcontents.
- Vous pouvez compter sur moi, monsieur le maire.
Et soudain, Tafardel demanda:
-A propos, monsieur le maire, ou allons-nous le placer, notre petit difice?
Barthlemy Pichut eut un sourire profond et dit simplement, en se dirigeant vers la grande rue.
- Allons voir lendroit, Tafardel.
Devant lglise, Barthlemy Pichut sarrta doucement et dun simple coup de tte, sans le montrer du doigt, il dsigna lemplacement.
- Cest l quon le mettra, dit-il.
- L? demanda tout bas Tafardel avec tonnement. La vespasienne?
- Et o pourrait-elle tre mieux?
- Nulle part, cest vrai, monsieur Pichut. Mais si prs de lglise... Ne croyez-vous pas que le cur...
- Cest vous, Tafardel, qui avez peur de cur, maintenant?
- Oh, peur, monsieur Pichut... Oh-oh ! Je faisais une simple remarque, parce quil faut se mfier de ces gens-l. Toujours prts se mettre en travers du progrs...
- Enfin, Tafardel, voyez-vous un meilleur endroit?
Indiquez-le-moi.
- De meilleur, il ny en a pas, cest bien certain !
- Alors ! Est-ce que le bien-tre gnral ne doit passer avant toute autre chose? [9] Quen dites-vous, Tafardel? Vous qui tes un homme juste et instruit.
Avec ces petites flatteries, on obtenait de linstituteur un dvouement sans bornes et Pichut le savait.
- Monsieur le maire, dit gravement Tafardel, cest moi qui dfendrais le projet devant le Comit, si vous le voulez bien.
Depuis quelques annes, l’instituteur attendait vainement les palmes acadmiques qui lui auraient donn Clochermerle un grand prestige. Le maire aurait pu faire dcerner linstituteur la dcoration qu’il dsirait tant. Mais il ne se pressait pas, voulant que son secrtaire lui rendt un dernier et important service, propos de la vespasienne.
- a vous ferait tant plaisir den parler au comit? - dit-il.
- Ce serait de votre part une marque de confiance, monsieur le maire, si vous vouliez bien men charger. Il sagit de la rputation du parti. Je saurai le leur dire.
- Vous vous sentez vraiment capable denlever laffaire? Ce sera dur. Enfin puisque vous le voulez...
Le maire saisit linstituteur par le revers de sa veste lendroit de la boutonnire :
- Attention, Tafardel, la victoire sera double. Cette fois vous les aurez...
- Oh, monsieur le maire, rpondit linstituteur rouge de bonheur, ce nest pas pour cela, croyez bien...
- Vous les aurez. J’y tiens. J’en donne ma parole,
monsieur le professeur.
- Monsieur le maire, je vous donne la mienne que l’im-
possible sera fait...
Linstituteur mit sa main dans celle du maire. Mais il dut la retirer prcipitamment pour essuyer son lorgnon quobscurcissait lmotion.
- Et maintenant, dit Barthlemy Pichut, allons boire le vin nouveau chez Torbayon.
Etude du texte
I. Apprenez le vocabulaire
renomme (f) – известность, слава, популярность
renomm - известный
tre renomm pour qch – славиться чем-либо
abbaye (f) – аббатство
entreprendre qch – предпринимать что-либо
concerner qch – относиться к чему-либо, касаться чего-
либо
en ce qui concerne qch – что касается
faire du bruit – наделать шума
propritaire (m) – хозяин, собственник
proprit (f) – собственность
proprit prive – частная собственность
viticulteur (m) – виноградарь
conseiller (m) – советник
municipalit (f) – муниципалитет
faire le jeu de qn – играть на руку кому-либо
s’accorder avec qch – сочетаться, соответствовать чему-
либо
tre en rapport avec qch – соответствовать, вступать в
контакт с чем-либо
sens (m) – направление
Sens unique ! – Одностороннее движение.
contresens – наоборот, в противоположном
направлении
aux frais de – на средства
moeurs (f,pl) – нравы
vespasienne (f) – общественный туалет
dcerner qch qn – присудить, наградить
dcoration (f) – награда
enlever l’affaire – успешно провести дело
revers (m) de la veste – отворот пиджака
boutonnire (f) – петлица
II. Commentaires lexicaux
1. Левые – правые
Un parti de gauche (de droite) – левая (правая) партия
Un homme politique de gauche (de droite) –
политический деятель левого (правого) толка
La gauche – левые (силы)
La droite – правые (силы)
2. Autorit – prestige
autorit (f) – власть, властность, влияние
autorits (f, pl) – власти, органы власти, администрация
prestige (m) – авторитет (престиж)
3. Place – emplacement – endroit
place (f) – 1) площадь Les deux hommes se dirigrent
vers la place de l’glise.
2) место Il n’y a plus de place libre dans la salle.
Il a cd sa place une vieille dame.
L’instituteur remit le livre sa place.
Qui a eu la premire place au concours?
emplacement (m) – место, местонахождение,
расположение
La municipalit approuva l’emplacement de la nouvelle cole.
Aujourd’hui l’emplacement de la Bastille se trouve la Colonne de Juillet.
endroit (m) – место, местность, край, уголок
En t cet endroit est visit par de
nombreux touristes.
Il m’a montr les endroits les plus
pittoresques de la ville.
Allons voir l’endroit, Tafardel !
III. Rvision grammaticale
A. Observez l’emploi de la construction causative dans les phrases suivantes. Traduisez les phrases.
1) On doit faire pntrer le progrs dans les campagnes.
2) Faites voir si vous tes malin, Tafardel.
3) Je veux faire construire une vespasienne.
4) Le maire aurait pu faire dcerner l’instituteur la dcoration qu’il dsirait tant.
B. Observez l’emploi de l’article indfini dans les phrases suivantes. Traduisez les phrases. Attention ! Rappelez-vous que l’article indfini peut se traduire en russe par les mots tels que « один », « какой - нибудь », « некоторый » et par d’autres moyens.
1)Avez-vous une ide, Tafardel?
2)Il y a une chose laquelle j’ai pens l’autre jour.
3)Est-ce qu’il n’y a pas l une ngligence qui fait le jeu des ractionnaires?
4)Je veux faire construire un difice aux frais de la commune.
5)Enfin, Tafardel, voyez-vous un meilleur endroit?
C. Traduisez les phrases suivantes en faisant attention au verbe « avoir ».
1) Nous avons aussi les droits sur eux.
2) Tout ce que disait l’instituteur avait un tour pdagogique et sentencieux.
3) Parfaitement, un difice. Et qui aura son utilit, aussi bien pour l’hygine que pour les moeurs...
4) Barthlemy bien eut un sourire profond.
IV. Traduisez du russe
1) Имя Клошмерля было несправедливо обойдено славой.
2) Скандал в Клошмерле - это история, которая наделала шума в 20-е годы.
3) Об этом часто заходила речь в газетах того времени.
4) Это был высокий краснолицый человек. В его голосе и жестах чувствовалась властность.
5) Советник мэра был человеком тщедушным. Он считал себя великим, но непризнанным философом.
6) Считаете ли вы, что строительство публичной библиотеки отвечает принципам нашей партии.
7) Мы должны нести прогресс в сельскую местность.
8) На некоторое время воцарилось молчание.
9) Что касается мэра, то у него был свой собственный план.
10) Наш передовой муниципалитет должен проявить инициативу и смелость.
11) Я хотел бы построить некое сооружение на общественные деньги.
12) Если вы окажетесь в состоянии успешно провести дело, это будет двойная победа.
13) Даю вам слово, что вы получите награду.
14) Он носил орден в петлице пиджака.
V. Questions et devoirs sur le texte
1) Dcrivez la situation gographique de bien
2) D’o vient le nom de bien ?
3) Qui sont les personnages principaux du texte ? A quel parti politique appartiennent-ils ?
4) Quelles taient les propositions de Tafardel que le maire a rejetes ? Pourquoi ?
5) Quel tait le projet du maire ? Quel endroit a-t-il choisi pour faire construire la vespasienne ? Pourquoi ?
6) Quel service M. bien a demand Tafardel ?
7) Quelles taient les ambitions secrtes de l’instituteur ? Comment le maire en a profit ?
8) Retrouvez dans le texte les « petites flatteries » l’aide desquelles, selon l’auteur, « on obtenait de linstituteur un dvouement sans bornes ».
9) Retrouvez dans le texte toute l’information concernant le maire et l’instituteur. Faites les portraits des deux personnages.
Texte N 2
Inauguration triomphale
Cette anne le printemps fit son apparition quinze bons jours avant le lever de rideau prvu par les metteurs en scne des saisons. Cela dbuta par une saute de temprature. Dans la nuit du 5 avril 1923 un petit coup de vent chassa les nuages noirs. Et le soleil parut rendant plus gais les garons et les filles, moins grognons les vieux, plus comprhensifs les parents, un peu moins btes les policiers. Mme Fouache vendait plus de tabac, lauberge Torbayon tait pleine chaque soir, le cur Ponosse faisait meilleure recette la qute[10] , le notaire Girodot prparait des contracts de mariage, Tafardel prparait un monde meilleur.
- Bon Dieu! Quel cadeau, une journe pareille!
Ce temps-l arrivait juste temps pour la fte de linauguration fixe au sept avril, un samedi, ce qui permettait de se reposer le dimanche.
Cette manifestation allait affirmer la victoire de Barthlemy Pichut et de Tafardel. Encore cach sous une bche, la vespasienne tait construite lentre de limpasse des Moines. Inspire par le maire, toujours dsireux dattirer bien quelques personnalits de la politique, la municipalit avait dcid dorganiser cette occasion une fte. On avait annonc la runion sous le nom de Fte du vin de bien mais la vespasienne en tait le vritable motif. On pouvait compter sur la prsence du sous-prfet, du dput Aristide Focard, de plusieurs conseillers dpartementaux, de plusieurs maires de pays voisins, de trois prsidents de syndicats vinicoles; et sur la prsence du pote Bernard Samothrace qui viendrait des environs avec une ode compose tout exprs. Enfin le plus clbre des enfants de bien, Alexandre bien, ancien ministre, avait promis d’tre l.
Le matin de la mmorable journe fut merveilleux. Une voiture ferme alla prendre Villefranche o il avait couch, Alexandre bien Cette voiture revint vers les neuf heures, juste comme en arrivait une autre, de laquelle descendit Aristide Focart, le dput.
Les deux hommes se trouvrent nez nez sans plaisir. Aristide Focard disait qui voulait lentendre que lancien ministre tait une vieille ganache tare[11] , dont la prsence dans nos rangs donne des armes nos ennemis, et bien nommait Focard «un de ces petits arrivistes sans scrupules, qui sont la plaie du parti et nous dgradent aux yeux du public.» Appartenant au mme parti, ces messieurs n’ignoraient pas la bonne opinion qu’ils avaient l’un de l’autre. Mais la politique enseigne aux hommes de se dominer. Ils s’ouvrirent tout grands les bras et s’embrassrent.
Charme de voir quelle fraternit unissait ses dirigeants, la foule, saisie de respect, admirait leur embrassade. Lorsquelle eut pris fin, Barthlemy Pichut savana et des appels amicaux partirent de tous cts: «Bravo bien! - Nous sommes fiers, monsieur le ministre! - Bonjour Barthlemy! - Bonjour, mon vieil, mon cher ami! - Trs bien, votre ide!»
- Quel temps magnifique! disait bien Et quel plaisir j’prouve me revoir ici, dans mon vieux bien! Je pense souvent vous avec motion, mes chers amis! ajouta-t-il ladresse des premiers rangs de spectateurs.
- Cela fait longtemps, monsieur le ministre, que vous avez quitt bien ? demanda le maire.
- Longtemps? Cela doit faire plus de quarante ans... Oui, plus de quarante ans. Vous aviez encore la morve au nez[12] , mon bon Barthlemy.
- H, monsieur le ministre! Jhsitais dj entre la morve et la moustache.
- Mais vous navez pas encore choisi! rpliqua bien, en clatant d rire.
A ce moment un inconnu de grande taille, un rouleau de papier la main, sapprocha de l’ancien ministre.
- Monsieur le ministre, dit Barthlemy Pichut, voulez-vous me permettre de vous prsenter M. Bernard Samothrace, le clbre pote?
- Volontiers, mon cher Barthlemy, avec plaisir, avec grand plaisir. Ainsi, mon cher monsieur, vous tes pote? C’est trs bien a, pote... Et dans quel genre faites-vous? Triste, gai, plaisant? De la chansonnette, peut-tre?
- Je fais tous les genres, monsieur le ministre.
- Oh, vous tes un vrai pote, comme les Acadmiciens. Trs bien, trs bien! Je vous dirai que moi, les vers...
Pour la seconde fois depuis son arrive bien lancien ministre eut un de ces mots qui tombent si bien et qui font tant de popularit dun homme politique.
- Quant aux vers, dit-il, je ne connais bien que les vers de terre. Vous comprenez, cher monsieur Samothrace, jtais lAgriculture.
Cependant le cortge se dirigeait vers la place de bien o une estrade tait dresse. La srie des discours dbuta par quelques mots de bienvenue et de remerciements que pronona Barthlemy Pichut. Il n’en dit pas plus quil ntait ncessaire et se hta de donner la parole Bernard Samothrace qui devait rciter sa posie daccueil Bourdillat. Le pote dplia son rouleau et commena lire.
Assis dans son fauteuil, Bourdillat coutait en secouant parfois sa tte grise. Il se pencha vers Pichut.
- Dites-moi, Barthlemy, comment appelez-vous ce genre de vers?
- Des alexandrins[13] , monsieur le ministre, dit Tafardel qui tait assis derrire.
- Des alexandrins? fit Bourdillat, Ah! C’est gentil, a! Ce garon est bien, trs bien! Il lit comme un acteur de la Comdie Franaise.
Lancien ministre pensait quon avait choisi les alexandrins par dlicate attention, parce quil se nommait Alexandre.
Le pome termin, tandis que les Clochemerlins applaudissaient et criaient: «Vive Bourdillat! » Bernard Samothrace, ayant roul son papier, l’offrit l’ancien ministre qui serra le pote sur son coeur.
Alors Aristide Focart se leva. Rcemment lu, il appartenait l’extrme gauche du parti. Il avait la fougue de la jeunesse qui a tout gagner[14] et de lambition qui n’est pas satisfaite. Pour arriver plus vite ses buts il voulait chasser les vieux lus qui dsiraient ne plus voir rien changer, n’ayant souci que de durer[15] . Dans un certain clan, on commenait parler dAristide Focart comme dun homme de demain. II le savait, de mme qu’il connaissait la ncessit de placer dans chacun de ses discours des phrases agressives destines satisfaire la clientle fanatique sur laquelle il sappuyait. A Clochemerle, il ne put se retenir de prononcer des paroles qui visaient Bourdillat.
Le discours de Focart souleva lenthousiasme. Alexandre Bourdillat donna lui-mme le signal des applaudissements en disant voix haute :
- Eh, bravo! Trs bien, Focart!
Puis, changeant de figure, il dit au maire de Clochemerle, son voisin de gauche :
- Cest une fripouille, une sale fripouille, ce Focart! Il cherche me dboulonner par tous les moyens, pour faire son chemin. Et cest moi qui lai fait, cest moi qui lai port sur ma liste il y a trois ans, cette petite crapule! Il ira loin, celui-l, avec ses dents longues.
Arriva le tour de Bourdillat lui-mme, qui devait parler en dernier lieu. II tira son lorgnon et quelques feuilles de papier quil se mit lire avec application. Dire qu’il n’tait pas orateur serait insuffisant.
Il trbuchait lourdement dans son texte. Les Clochemerlins taient pourtant ravis cause du soleil, et parce quil tait rare de voir tant de messieurs ce point affirmatifs[16] , rassembls sur la grande place du bourg. Bourdillat annonait comme les autres un avenir de paix et de prosprit, en termes vagues mais grandioses, qui ne diffraient pas beaucoup de ceux quavaient employs ses prdcesseurs la tribune.
Soudain la fin dune phrase prit un clat extraordinaire qui ne devait rien au sens, mais la faon dont elle fut prononce.
- ... Tous ceux qui-z-ont t des vrais Rpublicains !
« Oh ! beau ! Bourdillat est en grande forme » se dit lui-mme le sous-prfet.
- Errare humanum est[17] , dit Tafardel d’un air rudit. Lapsus, lapsus, simple lapsus ! et qui n’enlve rien la beaut des ides.
- Cest tonnant, dit le notaire Girodot loreille de son voisin quils ne laient pas fourr lInstruction publique !
Quant au dput Focart qui touffait de fureur, il ne cacha pas au maire de Clochemerle sa faon de penser:
- Quelle ganache, non, mais quelle ganache, ce Bourdillat? Et dire qu’[18] on a pu faire de a un ministre.
Cependant Bourdillat poursuivait son discours, ajoutant les unes aux autres des formules prouves par quarante annes de runions publiques. Enfin il toucha aux dernires lignes de ses feuilles, et lenthousiasme des Clochemerlins fut son apoge. Les officiels se levrent et se dirigrent par la grande rue vers le centre du bourg, suivis de la foule. On allait donc inaugurer le petit difice.
Les pompiers de Clochemerle retirrent la bche et le monument apparut dans sa sobrit utile. On parla de la baptiser au vin de Clochemerle, en brisant le goulot dune bouteille sur la tle. Le sous-prfet alla chercher dans la foule la belle Judith Toumignon, qui vint se mler aux personnalits officielles.
Ce fut elle qui baptisa le monument et le vieux Bourdillat, pour la remercier, lembrassa sur les deux joues. Focart et plusieurs autres voulurent suivre cet exemple. Mais elle se dgagea en disant :
- Ce nest pas moi quon inaugure, messieurs!
Enfin, arriva le moment daller table. A lauberge Torbayon on servit un banquet de quatre-vingts couverts. Avec ces accumulations politiques et gargantuesques de gigots, de gibier, de vieilles bouteilles, de toasts et de nouveaux discours, il dura cinq heures dhorloge[19] .
Puis on remit en voiture Bourdillat, Focart, le sous-prfet, et quelques personnages de marque dont le temps tait mesur, parce quils avaient dj en poche d’autres discours, dautres promesses, et les trajets prvus un mois lavance des inaugurations et banquets o lon demandait la prsence de ces dvous serviteurs du pays.
Cette journe fut en tous points remarquable pour les Clochemerlins, mais elle fut unique pour lun deux, Ernest Tafardel, qui Bourdillat avait dcern les palmes, avec la permission du ministre. Cet emblme de son clatant mrite rendit linstituteur une nouvelle jeunesse, au point quon le vit foltrer comme un collgien et boire d’une manire inaccoutume jusqu’ ce que le dernier tablissement fermt ses portes. Alors ayant attaqu un refrain frivole, il entreprit de regagner l’cole, expdition qui lui prit beaucoup de temps et lui cota un verre de son lorgnon, perte qui fut le rsultat d’une srie de chutes malheureuses. Il russit pourtant retrouver l’cole et s’endormit tout habill sur son lit, parfaitement ivre.
Etude du texte
III. Apprenez le vocabulaire
faire son apparition - появляться
grognon – ворчливый, брюзгливый
comprhensif - понимающий
inaugurer - торжественно открывать
inauguration (f) – торжественное открытие
bche (f) - брезент
impasse (f) – тупик
tre dsireux de faire qch – стремиться сделать что-либо
personnalit (f) de la politique – крупный политический
деятель
dput (m) – депутат
prsident (m) – 1) президент; 2) председатель
syndicat (m) – профсоюз
arriviste (m) – выскочка, карьерист
scrupule (m) – совестливость, щепетильность
sans scrupules – бессовестный
plaie (f) – бич, бедствие
ignorer qch – не знать
dirigeant (m) – руководитель
vers (m, pl) – стихи
ver (m) – червяк
dresser qch – устанавливать, воздвигать
rcemment – недавно
l’extrme gauche – крайне левые
arriver ses buts – достигать своих целей
viser qn, qch – быть нацеленным на что-либо,
направленным против чего-либо
changer de figure – измениться в лице
fripouille (f) – бездельник, жулик
dboulonner – подрывать авторитет
crapule (f) – подлец, негодяй
prosprit (f) – процветание
en termes vagues – в туманных выражениях
prdcesseur (m) - предшественник
pompier (m) – пожарный
sobrit (f) – строгость (стиля)
baptiser – крестить
se dgager – высвобождаться
mrite (m) – заслуга
foltrer – резвиться
tablissement (m) – заведение
refrain (m) - мотив
II. Commentaires lexicaux
1. rendre + adjectif
Faites attention aux diffrentes faons de traduire la construction rendre +adjectif.
1) сделать кого-то каким-то
Les d sillusions de sa vie l ’ ont rendu soup onneux . – Жизнь, полная разочарований, сделала его подозрительным
2) сделаться (стать) каким-либо (французское подлежащее становится русским косвенным дополнением)
Sa longue exprience l’a rendu prudent. – Благодаря
накопленному опыту, он стал осторожнее.
3) русский глагол узкого значения
Le soleil rendit plus gais les garons et les filles. – На
весеннем солнышке молодежь повеселела.
2. se mler (de)
Le sens du verbe se mler varie en fonction de son rgime
Se mler qch – смешиваться с …, присоединяться к …
Se mler de qch – вмешиваться, соваться, участвовать в
чем-либо
De quoi te mles-tu ? – Какое тебе дело ?
Mle-toi de tes affaires!
3. public (-que)
public (-que) adj . – общественный, народный, государственный
Attention aux variantes de traduction qui dpendent du contexte. L’adjectif public fait aussi partie de nombre d’expressions figes.
homme public – общественный деятель
finances publiques – государственные финансы
instruction publique – народное образование
opinion publique – общественное мнение
rendre public (-que) – обнародовать
public (m) – население, общественность, публика
interdit au public – посторонним вход воспрещен
en public – публично, при всех
III. Rvision grammaticale
A. Comblez les lacunes l’aide des pronoms ou adverbes relatifs prcds ou non de prpositions.
1) Aristide Focard disait que lancien ministre tait « une vieille ganache tare, ________ la prsence dans nos rangs donne des armes nos ennemis », et Bourdillat nommait Focard «un de ces petits arrivistes sans scrupules, ________ sont la plaie du parti».
2) Cependant le cortge se dirigeait vers la place de Clochemerle ________ une estrade tait dresse.
3) Il se hta de donner la parole Bernard Samothrace _________ devait rciter sa posie daccueil Bourdillat.
4) II plaait dans chacun de ses discours des phrases agressives destines satisfaire la clientle fanatique __________ il sappuyait.
5) Puis on remit en voiture Bourdillat, Focart, le sous-prfet, et quelques personnages de marque __________ le temps tait mesur.
6) Cette journe fut unique pour Ernest Tafardel ________ Bourdillat avait dcern les palmes.
B. Employez les prpositions qui conviennent s’il le faut.
1. La municipalit avait dcid ___organiser ___ cette occasion une fte. 2. On pouvait compter ___ la prsence du sous-prfet. 3. Des appels amicaux partirent ___ tous cts. 4. Un inconnu sapprocha ___ l’ancien ministre. 5. Je pense souvent ___ vous avec motion. 6. Il se hta ___ donner la parole Bernard Samothrace. 7. Il se pencha ___ Pichut. 8. Les vieux lus dsiraient ___ ne plus voir rien changer. 9. Il cherche ___ me dboulonner. 10. Il se mit ___lire avec application. 11. Tafardel a prononc cette phrase ___ air rudit. 12. Quant au dput Focart, qui touffait ___ fureur, il ne cacha pas ___ maire sa faon de penser. 13. Les officiels se levrent et se dirigrent ___ la grande rue ___ le centre du bourg, suivis ___ la foule. 14. Bourdillat l’embrassa ___ les deux joues. 15. Il russit pourtant ___ retrouver l’cole.
IV. Traduisez du russe
1. Потом на трибуне появился бывший министр.
2. Благодаря хорошей погоде жители повеселели, старики стали меньше ворчать, а полицейские немного поумнели.
3. Церемония открытия была назначена на 7 апреля.
4. Мэр, стремившийся привлечь в Клошмерль как можно больше важных лиц, решил устроить праздник.
5. Ожидалось присутствие политиков, мэров соседних коммун, деятелей профсоюзов.
6. Присутствие в наших рядах таких бессовестных политиков играет на руку нашим врагам.
7. В начале церемонии мэр произнес несколько приветственных и благодарственных слов.
8. Фокар был недавно избран депутатом и принадлежал к крайне левому крылу партии.
9. Этот негодяй стремится всеми средствами подорвать мой авторитет.
10. Оратор в туманных выражениях говорил о грядущем процветании.
11. Потом появились пожарные и сняли брезент.
12. Этот выскочка стремится всеми средствами удовлетворить свое честолюбие.
13. Он переменился в лице, но ничего не сказал. Политики умеют держать себя в руках.
14. Мэр не хотел, чтобы священник вмешивался в дела муниципалитета.
15. Журналисты смешались с толпой присутствовавших на празднике.
V. Questions sur le texte.
1)Quel temps faisait-il en ce dbut du mois d’avril Clochemerle ?
2)Qui taient les personnalits de la politique invites par le maire participer la fte ?
3)Dcrivez la rencontre de Focart et Bourdillat ? En ralit, qu’est-ce que les deux hommes pensaient l’un sur l’autre ?
4)Comment Bourdillat salua-t-il ses compatriotes ?
5)Bourdillat, s’y connaissait-il en posie ? Etait-ce un homme instruit ? Prouvez votre opinion par quelques pisodes du texte.
6)Quelle est la caractristique donne Aristide Focart par l’auteur ?
7)Pourquoi le discours de Focart provoqua-t-il la colre de Bourdillat ?
8)Comment tait le discours de Bourdillat ? Quelle raction provoqua-t-il chez les Clochemerlins et chez Focart ?
9)Qui fut invit inaugurer et baptiser le nouvel difice ? Coment se passa l’inauguration ?
10) Pourquoi cette journe fut-elle particulirement remarquable pour Ernest Tafardel ?
VI. Devoirs sur le texte.
1. Commentez la phrase suivante : La politique enseigne aux hommes politiques de se dominer.
2. Dcrivez les rapports entre Bourdillat et Focart en employant le vocabulaire suivant :
homme politique, dput, ancien ministre, homme de demain, arriviste ;
jeune (vieille) gnration ;
sans scrupules ;
dboulloner, viser, arriver ses buts, faire son chemin, dsirer ne rien voir changer, n’avoir souci que de durer, satisfaire son ambition, touffer de fureur
Texte N3
Des mesures s’imposent
A Monseigneur de Giaccone, archevque de Lyon, qui se tenait son bureau, on vint annoncer la baronne de Courtebiche.
Il accueillit la baronne avec une grce empresse et lui dsigna prs de lui un fauteuil.
- J’ai grand plaisir vous voir, dit-il de sa voix douce. Vous aviez quelque chose me confier ?
La baronne lui raconta en prenant par le dbut[20] , les vnements qui agitaient Clochemerle. L’archevque les connaissait sans en tre instruit dans les derniers dtails mais il ne les croyait pas aussi importants.
- Enfin, - conclut la baronne, la situation devient rellement intolrable. Notre cur Ponosse est un brave homme mais un imbcile, un faible, incapable de faire respecter les droits de l’Eglise. Il faut mettre la raison ce Pichut[21] , le Tafardel et toute leur clique. Il faut agir en haut lieu[22] .
Il y eut un instant de silence. L’archevque rflchissait, la tte penche, le regard voil.
- Je crois, dit-il, que nous pourrons toucher ces gens-l par Luvelat.[23]
- Alexis Luvelat, le ministre... et ministre de quoi donc, propos ?
- De l’intrieur.
- Mais c’est un des chefs de leur parti, un de nos grands ennemis, en somme.
L’archevque sourit. Il expliqua, comme se parlant lui-mme :
- Il y a l’Acadmie Franaise. On ne pense pas assez l’Acadmie, son rle de contrepoids dans les dcisions de certains hommes politiques ambitieux.
C’est vraiment un admirable moyen d’action que nous a laiss l Richelieu. L’Acadmie nous permet d’exercer un srieux contrle sur la pense franaise.
- Je ne vois pas le rapport, monseigneur, avec le Clochemerle.
- Il existe pourtant, et j’y arrive. Alexis Luvelat est dvor du dsir d’entrer l’Acadmie, et pour y entrer cet homme de gauche a besoin de nous, des voix dont l’Eglise dispose sous la coupole[24] ou tout au moins de n’avoir pas contre lui l’opposition de l’Eglise. Un candidat qui a contre lui l’Eglise peut difficilement entrer l’Acadmie. Ce qui explique pourquoi un Alexis Luvelat doit se montrer trs prudent en ce qui nous concerne. J’ajoute – et ceci tout fait entre nous – qu’il n’entrera pas l’Acadmie de sitt. Dans sa situation de postulant qui le rend craintif, il nous est trs utile.
- Pourtant, monseigneur, objecta encore la baronne, entre son parti et ses ambitions acadmiques, croyez-vous que Luvelat puisse hsiter ?
- Il n’hsitera certainement pas, rpondit l’archevque entre des doctrines vagues et des ambitions personnelles trs prcises. Il sait que son parti peut se contenter de discours et que nous exigeons des preuves. Ils fera les discours et nous donnera des preuves.
- Mais alors, s’cria la baronne, vous le jugez capable de trahir !
- C’est un bien gros mot[25] . Il faut prendre en considration qu’Alexis Luvelat est un homme politique. Il sait bien ce qu’il faut faire en toutes circonstances.
Nous pouvons lui faire confiance. Il sera toujours contre nous, plus violemment que jamais ; mais il agira pour nous. Et je peux de mon ct vous assurer que votre bourg retrouvera bientt la paix.
- Il ne me reste donc qu’ vous remercier, monseigneur, dit en se levant la baronne.
- Je vous remercie pour ma part de vos prcieux renseignements.
La baronne prit cong.
Etude du texte
I. Apprenez le vocabulaire
archevque (m) – архиепископ
intolrable – нетерпимый, невыносимый
ministre de l’Intrieur – министр внутренних дел
contrepoids (m) – противовес
ambition (f) – честолюбие, амбиция, стремление
ambitieux – честолюбивый
exercer un contrle sur qch – осуществлять контроль над чем-либо
rapport (m) – отношение, связь
tre dvor du dsir – быть снедаемым, одержимым желанием
voix (f) – голос (в том числе при голосовании)
postulant (m) – кандидат
craintif – боязливый, осторожный
se contenter de qch – довольствоваться чем-либо
preuve (f) – доказательство
prouver qch - доказывать
faire preuve de qch (de comprhension, de souplesse) - проявлять (понимание, гибкость)
prendre en considration – принимать во
внимание
prendre cong – распрощаться, откланяться
II. Commentaires lexicaux
1. доверять
confier qch qn – доверять что-либо кому-либо (переходный глагол)
Il a confi le secret son frre.
Vous avez quelque chose me confier ?
faire confiance qn – доверять кому-либо (непереходный глагол), относиться с доверием
Nous pouvons faire confiance cet homme.
2. ide – pense
Les mots ide(f) et pense(f) en franais sont synonymes quand ils signifient идея , мысль . Mais certains acceptions et emplois de ces mots diffrent.
pense (f) – мысль (в обобщенном значении), мышление, состояние умов
la pense politique - политическая мысль
exercer le contrle sur la pense –
контролировать состояние умов
ide (f) – замысел, план, представление
Avez-vous une ide, Tafardel ?
Je n’en ai aucune ide.
III. Rvision grammaticale
A. Observez et expliquez l’emploi de l’article devant les noms propres et les titres
1) A Monseigneur de Giaccone, archevque de Lyon, qui se tenait son bureau, on vint annoncer la baronne de Courtebiche.
2) Il faut mettre la raison ce Pichut, le Tafardel et toute leur clique.
3) Un candidat qui a contre lui l’Eglise peut difficilement entrer l’Acadmie. Ce qui explique pourquoi un Alexis Luvelat doit se montrer trs prudent.
B. Employez les prpositions qui conviennent s’il le faut.
1) Notre cur est incapable ___ faire respecter les droits de l’Eglise.
2) On ne pense pas assez ___ l’Acadmie, ___ son rle de contrepoids.
3) L’Acadmie nous permet ___exercer un srieux contrle ___ la pense franaise.
4) Il n’hsitera certainement pas ___ des doctrines vagues et des ambitions personnelles trs prcises.
5) Son parti peut se contenter ___ discours.
6) Il sait bien ce qu’il faut faire ___ toutes circonstances.
7) Je vous remercie ___ ma part ___ vos prcieux renseignements
IV. Traduisez du russe
1.Вы хотите мне что-то сообщить?
2.Баронесса рассказала ему в подробностях о событиях, которые волновали жителей Клошмерля.
3.Поскольку ситуация стала невыносимой, нужно образумить этих левых деятелей.
4.Лювла был министром внутренних дел и одним из лидеров левой партии.
5.Французская Академия часто играет роль противовеса в политике.
6.Мы часто забываем об этом замечательном средстве воздействия, которое нам оставил кардинал Ришелье.
7.Любой левый политик нуждается в поддержке церкви, если хочет быть избранным членом Академии. Ведь церковь располагает там большим числом голосов.
8.Находясь в положении кандидата, он вынужден проявлять осторожность.
9.Совершенно очевидно, что он будет действовать в нашу пользу. Ведь его друзья могут довольствоваться обещаниями, а мы требуем доказательств.
10. Скоро ваш городок вновь обретет спокойствие.
V. Questions et devoirs sur le texte
1) Comment l’archevque reut la baronne ?
2) Qu’est-ce que la baronne volut lui confier ?
3) Quel moyen d’action trouva l’archevque?
4) Comment l’archevque caractrisa-t-il le rle de l’Acadmie Franaise dans la vie politique?
5) Pourquoi l’archevque tait-il sr que le ministre agirait dans l’intrt de l’Eglise? Le croyait-il capable de trahir ?
6)Comment se termina l’entretien ?
7)Trouvez dans le texte toutes les phrases qui servent caractriser le comportement d’un homme politique. Etes-vous d’accord avec le point de vue de l’archevque? Qu’est-ce que vous pensez sur les principes des hommes politique d’aujourd’hui ?
Texte N4
Bourdillat chez le ministre
Que me veut ce vieil idiot? pensa le ministre. Si je lui disais que jai une confrence ou le rendez-vous avec le prsident du Conseil? Cela prsentait des risques, si le visiteur apprenait quil ne lavait pas reu sans motif, il sen ferait un solide ennemi. Ctait dj un jaloux, un ennemi (au pouvoir on na que des ennemis, surtout dans son propre camp) mais peu agissant. Ctait un de ces adversaires qui travaillait le dmolir, sans cesser de lui sourire. La prudence commandait de le mnager. Le ministre observait cette rgle absolue: pas de mnagements pour les amis - ceux-l ne sont pas craindre - et de grands gards[26] , tous les tmoignages destime pour les ennemis. En politique, il faut avant tout penser dsarmer ladversaire.
Le ministre questionna le secrtaire:
- Sait-il que je suis seul?
- Il dit quil en est sr, monsieur le ministre.
- Allez, amenez-le, ordonna Luvelat, avec une petite
grimace.
Il se leva, ds que la porte souvrit, pour aller au-devant de son visiteur, avec un air de surprise charme.
- Mon bien bon ami, cest une vritable gentillesse de votre part...
- Je ne vous drange pas, mon cher ministre?
- Vous plaisantez, mon cher Bourdillat! Vous, un de nos vieux rpublicains, un des piliers du parti, me dranger! Vous ne pouvez que me rendre service par vos conseils. Nous, les jeunes, nous vous devons beaucoup. Asseyez-vous, mon cher ami. Puis-je vous tre utile? Rien de grave, jespre?
Bourdillat alla droit au but.
- Les curs se foutent de nous[27] , monsieur le ministre.
- De quoi sagit-il, mon bon ami?
- De Clochemerle, dit Bourdillat, pensant tonner le ministre.
- Ah, fit Luvelat sans inquitude.
- Vous ne savez pas ce que cest, peut-tre?
- Clochemerle?.. Mais si, mon cher Bourdillat. Comment lignorer? N’y tes-vous pas n? Un charmant petit pays, deux mille cinq cents habitants.
- Deux mille huit cent, dit Bourdillat, avec lorgueil du pays natal. Mais vous ignorez probablement ce qui se passe Clochemerle? Alors que cest tout simplement une honte, en plein XX sicle? Clochemerle va retomber au pouvoir des curs, ni plus ni moins. Figurez-vous, mon cher ministre...
- Oui, dit Luvelat, oui, je sais... Focart me le disait prcisment, il n’y a pas deux heures.
- Focart est dj venu ? demanda Bourdillat.
- Il n’y a pas deux heures, je vous le rpte. Il tait assis dans le fauteuil que vous occupez en ce moment, mon bon ami.
- De quoi se mle-t-il, ce type-l? s’cria Bourdillat.
- Mais Clochemerle fait partie de sa circonscription, il
me semble?
- Et aprs?[28] Clochemerle, c’est mon pays, mon pays natal, mon cher ministre. Est-ce que cela me concerne mieux que personne, oui ou non? Moi, ancien ministre, on veut intriguer dans mon dos!
- Il est certain, dit Luvelat, que Focart avant de venir me trouver, aurait pu peut-tre...
- Comment, peut-tre? rugit Bourdillat.
- Je veux dire aurait d, oui, aurait d, certainement, vous parler. C’est par dsir de ne perdre aucun temps...
La supposition du ministre fit ricaner Bourdillat. Il ne croyait pas un mot de ce que disait Luvelat qui ne prononait ces phrases vides que pour envenimer les rapports[29] entre Bourdillat et Focart. Ce faisant[30] , il appliquait un autre de ses grands principes politiques : « Deux hommes occups se har ne peuvent pas s’unir sur le dos d’un troisime ». Nouvelle forme de la vieille maxime l’usage des princes : diviser pour rgner.
Bourdillat rpondit :
- Si Focart est venu tout droit, c’est par dsir de me couper l’herbe sous les pieds[31] , de me faire passer pour un imbcile. Je connais cette crapule. C’est un sale petit arriviste.
- Je crois, mon cher Bourdillat, que vous exagrez un peu, dit Luvelat. On doit reconnatre que Focart est un des hommes les plus brillants de la jeune gnration, les plus dvous au parti.
Bourdillat clata :
- Mais c’est un homme qui a l’intention de nous passer sur le ventre[32] vous comme moi.
- J’ai pourtant l’impression d’tre dans les meilleurs termes[33] avec Focart. Chaque fois que nous avons t en rapport, il s’est montr trs correct. Tout l’heure encore il m’a dit : « Nous n’avons pas toujours les mmes points de vue, mais c’est peu de chose quand on sestime. » Cest trs gentil, vous ne trouvez pas?
Bourdillat suffoquait de fureur: Ce cochon-l vous a dit a? Aprs ce quil raconte de vous par-derrire[34] ? Il ose parler estime? Mais il vous mprise... Jai peut-tre tort de vous dire a?
- Mais non, Bourdillat, mais non. Cest tout fait entre nous.
- Cest dans votre intrt que je le dis, vous le comprenez bien.
- Mais naturellement. Alors, Focart vraiment nest pas trs tendre envers moi?
- Il raconte des horreurs. Et tout y passe[35] , la vie prive comme la carrire publique. Les histoires de femmes aussi bien que les histoires de pots-de-vin[36] . Il prtend...
Tout en lcoutant attentivement Luvelat examinait Bourdillat:
« Dire, pensait-il, que ce vieil idiot est encore un mouchard par-dessus le march![37] Et il a pu tre ministre... »
Luvelat nprouvait que le dsir dabrger cet entretien.
Dailleurs Bourdillat n’avait plus grand-chose lui communiquer car les scandales de Clochemerle l’intressaient moins depuis quil se savait devanc par Focart. Il demanda une dernire fois au ministre de donner de svres instructions pour que le pouvoir central prt des mesures nergiques en Beaujolais.
- Comptez sur moi, mon cher ami, dit Luvelat en lui serrant la main. Je suis moi-mme un vieux rpublicain, fidle aux grands principes du parti, et je place plus haut que tout cette libert de pense, que vous avez toujours dfendue si gnreusement.
Luvelat n’avait pas menti en parlant de la visite de Focart, et cette visite l’inquitait. Elle sous-entendait des menaces, mais une troisime visite quil avait tenue secrte, celle du rvrend chanoine Trude, missaire de l’archevque de Paris, en sous-entendait de plus graves. Cet ecclsiastique habile tait venu spcialement pour faire comprendre Luvela que lglise, inquite Clochemerle, se plaait sous la protection du ministre en lui promettant sa protection dans lavenir.
Seul maintenant, Alexis Luvelat rflchissait ces trois visites. Il pesait les dangers qu’elles annonaient. Forc de choisir, ainsi quil arrive souvent dans une carrire comme la sienne, il tait bien dcid se rallier au clan du plus fort, en donnant lautre des apparences de garantie. Nul doute que lappui le plus utile en ce moment ft celui de l’Eglise, cause de ses ambitions acadmiques.
Encore soucieux, il fit prier son chef de cabinet de passer chez lui sans retard.
Etude du texte
I. Apprenez le vocabulaire
adversaire (m) – соперник
dmolir – разрушить, уничтожить
mnager – щадить, обращаться осторожно
mnagement (m) – осторожность, бережное обращение
pillier (m) – столп, опора
aller droit au but – зд. говорить без обиняков
circonscription (f) – избирательный округ
dans le dos de qn – за спиной, тайком
prince (m) – зд. правитель
exagrer – преувеличивать
dvou – преданный
avoir l’intention de – намереваться
prtendre – утверждать (заведомо ложно, неискренне)
abrger – сократить, зд. поскорее завершить
entretien (f) – встреча, беседа
sous-entendre – подразумевать
sous-entendu (m) – подразумеваемое, намек,
недомолвка
chanoine (m) – каноник
se rallier qch – примыкать
apparence (f) – видимость
II. Commentaires lexicaux
Chose (f) – вещь
Pris dans son sens le plus abstrait le mot chose ne se traduit pas.
J’ai beaucoup de choses faire. – У меня много дел .
Ces choses-l ne nous intressent pas. – Это нас не интересует .
Chaque chose en son temps. – Всему свое время .
Le mot chose fait partie de plusieurs expressions :
quelque chose – что-то, что-нибудь, что-либо
( Attention ! что-нибудь серьезное, что-нибудь важное - quelque chose de grave, quelque chose d’ important)
autre chose – другое
peu de chose – пустяки, мелочь, ерунда
grand-chose – нечто не стоящее внимания, мелочь (dans une phrase ngative) Ce n’est pas grand-chose ! – Это пустяки !
Il n’a plus grand-chose dire. – Ему нечего больше сказать .
Attention ! Dans certains cas le mot chose se traduit comme дело .
La chose est que... – дело в том , что
Je vais vous expliquer la chose. – Я расскажу вам , в чем тут дело .
Curieusement, il y a aussi des cas o le mot affaire se traduit comme вещь .
Ramasse tes affaires ! - Собери свои вещи !
III. Rvision grammaticale
A. Observez l’emploi de l’imparfait dans la phrase suivante. Traduisez la phrase: Si je lui disais que jai une confrence ou le rendez-vous avec le prsident du Conseil?
Traduisez en employant l’imparfait
1)А не вызвать ли мне секретаря?
2)А что если нам обратиться в высшие инстанции?
3)А не открыть ли нам в Клошмерле библиотеку?
B. Traduisez les phrases en faisant attention la valeur de l’infinitif.
1) Vous, un de nos vieux rpublicains, un des piliers du parti, me dranger!
2)Clochemerle?. . . Mais si, mon cher Bourdillat. Comment lignorer?
3)Nouvelle forme de la vieille maxime l’usage des princes : diviser pour rgner.
4)Dire que ce vieil idiot est encore un mouchard par-dessus le march!
C. Observez et commentez l’emploi des modes dans les phrases suivantes.
1)Cela prsentait des risques, si le visiteur apprenait quil ne lavait pas reu sans motif, il sen ferait un solide ennemi.
2)- Il est certain, dit Luvelat, que Focart avant de venir me trouver, aurait pu peut-tre...
- Comment, peut-tre ? rugit Bourdillat.
- Je veux dire aurait d, oui, aurait d, certainement, vous parler.
3) Il demanda une dernire fois au ministre de donner de svres instructions pour que le pouvoir central prt des mesures nergiques en Beaujolais.
4) Nul doute que l’appui le plus utile en ce moment ft celui de l’Eglise.
IV. Traduisez du russe
1.- А не завершить ли нам поскорее эту неприятную встречу, - думал министр.
2.Вы хотите сообщить мне что-либо серьезное?
3.Фокар думал только о том, чтобы уничтожить своего соперника.
4.Бывший министр говорил без обиняков, а вот Лювла изъяснялся намеками.
5.Не будем преувеличивать недостатки этого политика.
6.Министр был уверен, что за его спиной Фокар рассказывает о нем скандальные истории.
7.Дело в том, что министр придерживался старого правила: разделяй и властвуй.
8.Я не намерен щадить этих выскочек, этих бессовестных политиков.
9.Визит священника его очень волновал, так как содержал в себе скрытую угрозу.
10. У нас могут быть разные точки зрения, но это не имеет большого значения, раз мы уважаем друг друга.
V. Questions et devoirs sur le texte
1.Pourquoi Luvelat n’avait-il pas grande envie de recevoir Bourdillat ? Pourquoi finalement accepta-t-il de le recevoir?
2.Quel accueil rserva Luvelat l’ancien ministre?
3.Quelle affaire amena Bourdillat chez Luvelat?
4.Est-ce que c’est exprs ou par hasard que Luvelat parla de la visite de Focart ?
5.Quelle est la nouvelle formule du vieux principe « diviser pour rgner »?
6.Combien de visites concernant l’affaire de Clochemerle reut le ministre? Laquelle de ces visites prfrait-il tenir secrte? Pourquoi ?
7.Parlez des principes politiques de Luvelat. De quelle faon les appliquait-il? Citez des exemples.
TEXTE № 5
Petites causes, grands effets
Fou da rage, Tafardel se rendit la poste, o il se mit directement en relation avec les correspondants rgionaux de la presse parisienne, qui leur tour tlphonrent durgence Paris les communiqus terribles de linstituteur. Ces communiqus parurent dans les journaux du soir de la capitale. Les dramatiques incidents de Clochemerle frapprent de stupeur[38] les ministres et plus spcialement Alexis Luvelat, qui portait la fois le poids de cette affaire et les responsabilits dun intrim gouvernemental.[39]
Le prsident du Conseil, accompagn de son ministre des Affaires trangres et dune suite importante de techniciens, sjournait alors Genve, o il reprsentait la France la Confrence du dsarmement.
Toutes les nations, grandes et petites, taient daccord pour dsarmer et convenir que le dsarmement apporterait un grand soulagement aux maux de l’humanit. Il ne sagissait plus que de concilier les points de vue, ncessairement diffrents, avant d’arrter les articles d’un plan mondial.
LAngleterre disait :
- Nous sommes le premier peuple maritime du monde, depuis plusieurs sicles. Nous possdons la moiti des colonies disponibles dans le monde ce qui revient dire[40] que nous faisons la police sur la moiti du globe. Voil le point de dpart de tout dsarmement.
L’Amrique disait:
-Nous sommes dans la ncessit de nous mler des affaires de lEurope o tout va mal par excs d’armement[41] , qui ne peut videmment se mler des affaires de lAmrique, o tout va bien... Nous apportons un programme amricain. En tout, les programmes amricains sont excellents, car nous sommes le pays le plus prospre de la terre. Enfin, si vous nacceptez pas notre programme, attendez-vous recevoir nos relevs de factures[42] .
Le Japon disait:
- Nous sommes prts dsarmer... Nous avons actuellement la plus forte natalit[43] du monde. Et si nous ne mettons pas un peu dordre en Chine, ce malheureux pays va sombrer dans l’anarchie[44] , ce qui serait un immense dsastre pour la communaut humaine.
LItalie disait :
- Ds que nous aurons gal en puissance larmement de la France que nous galons en population, nous commencerons dsarmer.
La Suisse disait:
- Etant pays neutre, appel ne jamais se battre, nous pouvons bien nous armer tant que nous voudrons, cela n’a pas dimportance.
Et la Belgique:
- Etant pays neutre, dont la neutralit nest pas respecte, nous demandons nous armer librement jusquaux dents...
Bref, toutes les nations tombaient daccord sur une formule, qui se rsumait dun mot: «Dsarmez... »
Dans la nuit du 19 septembre parvint Genve un message chiffr qui avait trait aux vifs incidents de Clochemerle. Ds que ce message fut traduit, le secrtaire courut aux appartements du prsident du Conseil, afin que ce dernier en prt aussitt connaissance. Le chef du gouvernement lut deux fois le message, et une troisime fois voix haute. Puis il se tourna vers quelques collaborateurs qui se trouvaient l:
- Nom de Dieu, dit-il, mon ministre peut trs bien sauter sur une histoire pareille[45] . II faut que je rentre immdiatement Paris.
- Et la confrence, monsieur le prsident?
- Cest bien simple: vous allez la torpiller. Trouver un moyen et vite. Le dsarmement peut attendre, a fait cinquante mille ans quil attend. Mais Clochemerle nattendra pas...
- Monsieur le Prsident, proposa le chef des experts, il y aurait peut tre moyen de tout arranger. Confiez votre plan au ministre des Affaires trangres. Il dfendra le point de vue de la France et nous le soutiendrons de notre mieux.
- Vous ntes pas culott, vous, dit froidement le prsident du Conseil. Vous pensez que j’ai transpir pendant un mois sur mon plan pour le passer aujourdhui Rancourt, qui se taillera sur mon dos un succs personnel[46] ?
- Je croyais, balbutia l’autre, voir l lintrt de la France...
- La France cest moi, scria le prsident, allez vous occuper, messieurs, de renvoyer tous ces macaques dans leurs pays. Nous leur foutrons une autre confrence dans quelques mois.
- Ne craignez-vous pas, monsieur le prsident, que lopinion publique en France n’interprte mal ce brusque dpart?
Avant de rpondre, le prsident du Conseil interrogea son secrtaire particulier:
- Quelles sont les disponibilits de la caisse des fonds secrets?
- Cinq millions, monsieur le Prsident...
- Vous entendez, monsieur ! Cinq millions! Avec a, il ny a pas d’opinion publique. Et sachez ceci: la presse franaise nest pas chre... Je suis plac pour le savoir[47] . Cest dans la presse, section des affaires trangres, que jai commenc ma carrire... Dcidment, messieurs, nous pouvons filer. Nous dsarmerons une autre fois. Allons nous occuper de Clochemerle.
Ainsi choua, en 1925, la confrence du dsarmement.
Etude du texte
I. Apprenez le vocabulaire
se mettre en relation avec qn – связываться с кем-либо
son tour – в свою очередь
urgence (f) – срочность
urgent – срочный
d’urgence – срочно
tat d’urgence – чрезвычайное положение
interim (m)- временное исполнение обязанностей
par interim- временно исполняющий обязанности
ministre des Affaires trangres – министр иностранных
дел
sjourner – находиться, посещать
confrence (f) du dsarmement – конференция по
разоружению
dsarmer – разоружаться
armement (m) – вооружение
s’armer jusqu’aux dents – вооружаться до зубов
concilier – примирять, согласовывать
disponibilit(f) – незанятость, запас
disponibilits (f,pl) – свободные средства, резервы,
наличность
disponible – свободный, резервный, вакантный
globe (m) – земной шар
prospre – процветающий
prosprit (f) – процветание
galer qn en qch – сравниться с кем-либо в чем-либо
torpiller qch– подрывать, срывать
dcidment – определенно
II. Rvision grammaticale
A. Mettez le mot « tout » la forme correcte. Prcisez dans chacun des cas s’il s’agit d’un pronom ou d’un adjectif. Traduisez les phrases.
1)__________ les nations, grandes et petites, taient daccord pour dsarmer.
2)lEurope o ________ va mal ne peut videmment se mler des affaires de lAmrique, o ________ va bien...
3)Voil le point de dpart de ________ dsarmement.
4)Il y aurait peut tre moyen de ________ arranger.
5)Renvoyez ________ ces macaques dans leurs pays !
B. Comblez les lacunes par les prpositions qui conviennent.
1) Toutes les nations taient daccord ____ dsarmer. 2) Il s’agissait ____ concilier les points de vue diffrents. 3) Nous sommes dans la ncessit ____ nous mler ____ affaires de lEurope. 4) Nous sommes prts ____ dsarmer. 5) Ds que nous aurons gal ____ puissance la France que nous galons ____ population, nous commencerons _____ dsarmer. 6) La Suisse est un pays appel ____ ne jamais se battre. 7) Puis le ministre se tourna ____ ses collaborateurs. 8) Allons nous occuper ____ Clochemerle.
III. Traduisez du russe
1.Временно исполняющий обязанности министра находился в этот момент в Париже.
2.Теперь оставалось лишь согласовать точки зрения.
3.Америка, как самая процветающая страна в мире, считала возможным вмешиваться в дела Европы.
4.Если мы позволим этому государству вооружиться до зубов, то это станет ужасным бедствием для всего человечества.
5.Мы уже сравнились с Францией по числу населения.
6.Премьер министр принял решение сорвать конференцию. Он не боялся общественного мнения, поскольку общественное мнение создается прессой, а прессу легко подкупить.
IV. Questions et devoirs sur le texte
1)Comment les nouvelles dramatiques de Clochemerle parvinrent-elles jusqu’aux journaux de Paris?
2)Pourquoi Alexis Luvelat se trouva-t-il le principal responsable de la situation?
3)Exposez et commentez la position de chacun des Etats prsents la Confrence.
4)Comment le prsident du Conseil apprit-il la nouvelle ?
5)Pourquoi dcida-t-il de rentrer d’urgence Paris? Pourquoi accorda-t-il aux vnement de Clochemerle plus d’importance qu’ la confrence internationale?
6)Pourquoi le prsident n’accepta-t-il pas de charger son ministre de prsenter le plan franais?
7) Commentez les phrases suivantes :
a) Bref, toutes les nations tombaient daccord sur une formule, qui se rsumais dun mot: Dsarmez...
b) La France, c’est moi ! s’cria le prsident.
c) Cinq millions ! Avec a, il n’y a pas d’opinion publique.
8) Rflchissez aux paroles de Gabriel Chevallier : « La destine des nations tient peu de chose. On en a ici un nouvel exemple. » Commentez cette phrase. Comment, dans cette optique, pouvez-vous expliquer le titre du texte?
Rvision gnrale
I. Remettez les vnements de l’histoire dans leur ordre logique.
1) Visite de la baronne chez l’archevque de Lyon
2) Arrive de Bourdillat Clochemerle
3) Conversation entre le maire et Tafardel sur la grande place de Clochemerle
4)Visite du chanoine Trude chez le ministre de l’intrieur
5)Inauguration de la vespasienne
6)Visite de Bourdillat chez Alexis Luvelat
7)Dpart de la dlgation franaise de la confrence internationale
Racontez l’histoire en bref d’aprs le plan que vous avez obtenu.
II. A qui appartiennent les paroles cites:
1)- Cest une fripouille, une sale fripouille, ce Focart! Il cherche me dboulonner par tous les moyens, pour faire son chemin.
2)- Il y a l’Acadmie Franaise. On ne pense pas assez l’Acadmie, son rle de contrepoids dans les dcisions de certains hommes politiques ambitieux.
3)- Quant aux vers, dit-il, je ne connais bien que les vers de terre.
4)- Eh bien, puisque vous avez une ide ce n’est pas la peine de chercher davantage !
5)- Vous plaisantez, mon cher Bourdillat! Vous, un de nos vieux rpublicains, un des piliers du parti, me dranger! Vous ne pouvez que me rendre service par vos conseils.
6)- Et sachez ceci: la presse franaise nest pas chre... Je suis plac pour le savoir.
7) - Il faut mettre la raison ce Pichut, le Tafardel et toute leur clique. Il faut agir en haut lieu.
8) - Il faut que nous trouvions quelque chose, Tafardel, qui montre la supriorit d’une municipalit avance.
III. Qui sont les personnages rpondant aux caractristiques suivantes :
1)... «un de ces petits arrivistes sans scrupules, qui sont la plaie du parti et nous dgradent aux yeux du public» ;
2)... un brave homme mais un imbcile, un faible, incapable de faire respecter les droits de l’Eglise ;
3)... un profond penseur, sorte de philosophe campagnard, asctique et incompris ;
4)... un homme politique qui sait bien ce qu’il faut faire en toutes circonstances;
5)Rcemment lu, il appartenait l’extrme gauche du parti. Il avait la fougue de la jeunesse qui a tout gagner.
6)... grand, rouge de teint, encore blond. On sentait l’autorit dans sa voix et ses gestes rares.
IV. En analysant les textes, vous vous tes dj rendus l’vidence que les paroles des hommes politiques ne correspondent pas toujours leurs actes. Parmi les expressions donnes retrouvez celles qui font partie des propos dmagogiques des politiciens et celles qui rvlent leurs vraies intensions.
faire pntrer le progrs dans les campagnes ;
faire passer le bien-tre gnral avant toute autre chose ;
n’avoir souci que de durer ;
diviser pour rgner ;
tre fidle aux grands principes du part ;
placer plus haut que tout la libert de pense ;
savoir ce qu’il faut faire en toutes circonstances ;
se tailler un succs personnel ;
couper l’herbe sous les pieds ;
se rallier au clan du plus fort ;
songer un avenir de paix et de prosprit ;
penser avant tout dsarmer l’adversaire ;
tre de vrais Rpublicains.
Utilisez ces expressions pour dvelopper le sujet « L’homme politique dans le roman de G.Chevallier « Clochemerle » » .
Vous pouvez aussi employer les mots introducteurs suivants :
affirmer - утверждать
prtendre – утверждать ( без достаточных оснований,
неискренне)
se dire partisan de – провозглашать себя сторонником
faire semblant de (feindre de)- делать вид
en croire les paroles de qn – если верить словам
aux dires de qn – по словам
contairement qch - вопреки
V. Dveloppez les sujets suivants :
Comment voyez-vous l’idal de l’ homme politique ?
Faites le portrait d’un homme politique qui vous inspire le plus grand respect (le plus grand mpris).
[1] La Bourgogne, le Bordelais, lAnjou – старинные французские провинции
[2] le Beaujolais – местность в Бургундии
[3] Brouilly, Morgon, Fleurie – города во Франции, знаменитые своими винами
[4] dont il fut parfois question dans la presse de l’poque – о которых в то время упоминалось в прессе
[5] quelque chose de plus original, qui soit mieux en rapport avec le programme du parti – что-нибудь более оригинальное, что было бы теснее связано с программой партии
[6] il n’y a rien de tel pour faire perdre l’homme de Clochemerle toute envie de parler – ничто так не способствует тому, чтобы отбить у жителя Клошмерля всякое желание рассказывать
[7] Pour une ide, monsieur le maire, c’est une ide – Вот это мысль!
[8] Mesure galitaire au plus haut point – мера, в высшей степени служащая упрочению всеобщего равенства
[9] Est-ce que le bien-tre gnral ne doit passer avant toute autre chose? –Разве всеобщее благо не превыше всего?
[10] Le cur faisait meilleure recette la qute – Кюре собирал больше пожертвований на нужды церкви.
[11] une vieille ganache tare – старый продажный хрыч
[12] Vous aviez encore la morve au nez – Вы были еще сопляком.
[13] des alexandrins – александрийский стих
[14] Il avait la fougue de la jeunesse qui a tout gagner – Ему был свойственен пыл юности, у которой все впереди.
[15] n’ayant souci que de durer – заботясь лишь о том, чтобы остаться у власти
[16] ce point affirmatifs – столь всем довольные
[17] Errare humanum est (лат.) – человеку свойственно ошибаться
[18] Et dire que ... – Подумать только
[19] cinq heures d’horlige – битых пять часов
[20] en prenant par le dbut – с самого начала
[21] Il faut mettre la raison ce Pichut - Надо образумить (поставить на место) этого Пьешю...
[22] Il faut agir en haut lieu - Надо действовать через высшие инстанции
[23] Je crois que nous pourrons toucher ces-gens-l par Luvelat . - Я полагаю, что мы сможем добраться до этих людей через посредство Лювла.
[24] sous la coupole – в стенах Академии
[25] C’est un bien gros mot – Это сильно сказано.
[26] les gards – почтительность, знаки внимания, уважения
[27] Les curs se foutent de nous. – Священники нас ни в грош не ставят.
[28] Et aprs ? - Ну и что с того?
[29] envenimer les rapports – испортить отношения
[30] Ce faisant – поступая таким образом
[31] couper l’herbe sous les pieds – перебежать дорогу
[32] passer sur le ventre – переступить через труп, пройти по головам
[33] tre dans les meilleurs termes – быть в нилучших отношениях
[34] raconter qch par-derrire – рассказывать что-либо за спиной у кого-либо
[35] Et tout y passe – И чего он только не приплетает…
[36] pots-de-vin - взятки
[37] Il est encore un mouchard par-dessus le march! – Кроме всего прочего, он еще и доносчик!
[38] Les incidents de Clochemerle frapprent de stupeur – события в Клошмерле привели в изумление
[39] porter les responsabilits d’un intrim gouvernemental – временно исполнять обязанности главы правительства
[40] ce qui revient dire – что означает, иначе говоря
[41] tout va mal par excs d’armement – дела обстоят плохо из6за избытка вооружений
[42] attendez-vous recevoir nos relevs de factures – приготовьтесь к тому, что мы откажем вам в помощи
[43] la plus forte natalit – самая высокая рождаемость
[44] ce pays va sombrer dans l’anarchie – эта страна погрязнет в анархии
[45] mon ministre peut trs bien sauter sur une histoire pareille – из-за этой истории мое правительство может рухнуть
[46] qui se taillera sur mon dos un succs personnel – который присвоит себе мой успех
[47] Je suis plac pour le savoir – кому как не мне это знать